Le coin des oenomarcheurs

OENOMARCHEURS Objectif et Réalisations

O B J E C T I F   ET    R E A L I S A T I O N S

 

Traditionnellement, à l’occasion de la soirée champêtre de fin juin, l’association organisait l’après-midi un rallye et une visite d’un château viticole de Léognan. Compte tenu de l’intérêt porté à la chose viticole par de nombreux  marcheurs, nous avons organisé début 2017, moyennant une cotisation de 10 € par an en plus des 20 € de la cotisation d’adhésion à MARCHE ET DECOUVERTES, un groupe de marcheurs que nous appelons OENOMARCHEURS.

Le vin est le fruit du travail de femmes et d’hommes passionnés qui depuis des générations et des siècles élaborent sur tous les continents de notre planète un produit différent au gré des éléments climatiques, d’un terroir, d’un matériel végétal et de techniques viticoles et œnologiques qui évoluent sans cesse.

Le but de notre petit groupe est d’aborder au niveau professionnel les principales composantes des volets d’un produit qui complète avec bonheur les plaisirs de la table.

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  • 18 mai : visite du Domaine de Chevalier à Léognan.
  • 7 juin : visite du Château Haut Plantade à Léognan et aperçu de la protection phytosanitaire du vignoble.
  • 7   septembre : dégustation de vins blancs 12 allée de Gazin à Léognan.
  • 27  octobre : repas au Piano du Lac de l’Ecole Ferrandi.
  • 10 et 30 novembre : visite de la tonnellerie Demptos à Saint Caprais de Bordeaux.

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  • 11 janvier : visite du Château d’Eyrans à Saint Médard d’Eyrans.
  • 8 février : visite de la Cité du Vin à Bordeaux.
  •  6 juin : visite du Domaine de Tarriquet à Eauze.
  • 12 juillet : réunion mildiou 12 Allée de Gazin à Léognan.
  • 11 octobre : repas au Piano du Lac de l’Ecole Ferrandi.
  • 8 novembre : dégustation de vins blancs 12 allée de Gazin à Lèognan.
  • 14 décembre : visite du Château Dauzac et du Château Lafite Rothschild.

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  • 14 mars : bilan de l’année 2018 au 12 Allée de Gazin à Léognan.
  • 14 mai et 24 juin : visite de la tonnellerie Nadalié à Ludon Médoc.
  • 20 juin : visite du Château Carbonnieux.
  • 1 octobre : bilan mildiou et reconnaissance des cépages à Léognan.
  • 7 novembre : visite du Château Laubade à Sorbets en Armagnac.

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  •   En raisin du covid, seulement visite des vignes autour de Léognan (maladies et cépages) les 16 et 18 juin. 

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  • 24 juin et 17 novembre : visite du Château Jalousie Beaulieu à Galgon et du Château La Rivière à Saint Germain La Rivière.
  • 23 novembre : visite des vignes à Léognan.

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  • 31 mars et 7 avril : visite de la Cave des Cordeliers à Saint Emilion.
  • 31 mai et 1 juin : dégustation de vin rouge à Georges Brassens à Léognan.
  • 22 septembre : visite de Millesima du Groupe Bernard (Domaine de Chevalier).
  • 20 octobre : visite de la tonnellerie Marques à Martillac.

A propos de la méthode traditionnelle

A PROPOS DE LA METHODE TRADITIONNELLE.

          Nous voici réunis, ici, pour une dégustation de vins pétillants. Je me propose de vous apporter quelques précisions sur ce que Michel Touzan a choisi de qualifier de « pétillants ». Ce terme porte en lui une idée « festive » ; mais concerne en fait des produits à la fois semblables et différents. Le terme exact est vin « effervescent » mais , pour moi, ce mot me fait penser à un médicament !!.Alors que cachent les dénominations ; mousseux, méthode champenoise, méthode traditionnelle, crémant et champagne. Actuellement, pour les vins mousseux, on injecte du gaz carbonique directement dans le vin. Oublions ça tout de suite !!

Je cite maintenant un paragraphe tiré d’un bouquin de 1984 :

« Le champagne aurait été connu bien avant que Don Pérignon n’entre à l’abbaye de Hauvillers (1668). Il est , semble-t-il plus sage de considérer que le premier vin mousseux est dû à une refermentation accidentelle, et que Dom Pérignon n’a pas plus inventé la prise de mousse que la flûte. Ne lui enlevons pas pour autant ses mérites , et considérons ce moine comme le père spirituel du Champagne, tant étaient grands son amour de l’oenologie, sa connaissance approfondie du vin, son esprit d’observation. Il est certain  que les soins que don Pérignon sut donner au vin permirent pour la première fois l’obtention d’un vin digne d’être   le véritable ancêtre du Champagne. » Don Pérignon » naquit en Lorraine en 1638, entre à l’abbaye en1668 et meurt en 1715.
Il faudra patienter encore de nombreuses années pour que les méthodes permettant la « prise de mousse « soient  sûres et non aléatoires comme  par le passé. Parallèlement, il faudra élaborer une bouteille qui réponde à toutes les contraintes pour parvenir au produit attendu.

Ces techniques vont être copiées dans tous les grands vignobles : Alsace, Bourgogne, Jura, Loire, Bordeaux , sans oublier les appellations spécifiques : Limoux, Die, Vouvray, Saumur ; mais aussi à l’étranger, en Espagne, au Portugal, en Italie. On finira par trouver des champagnes étrangers ! Devant ce sans gêne et le peu de rigueur de certains producteurs français, les producteurs champenois obtiendront de l’Union Européenne que  seuls les produits élaborés sur leur terroir géographique aient droit  au nom « CHAMPAGNE et METHODE CHAMPENOISE » Toutes les autres imitations seront qualifiées de « METHODE TRADITIONELLE » . Ces mêmes producteurs champenois gagneront un procès contre Yves St Laurent qui avait dénommé un de ses parfums « Champagne ». Le flacon de ce parfum avait la forme d’une barrique (toute petite!).L’image de marque du champagne était quelque peu écornée avec une barrique pour symbole.

Dans les années 50 – 60 vont apparaître des vins un peu plus élaborés sous le nom de « CREMANT ». Bien sûr, la législation va suivre et des décrets (1) instituant une A. O. C. pour ces crémants avec un cahier des charges particulières à chaque appellation . Ces décrets verront le jour dans les années 70. Pour Bordeaux, ce sera en 1990 !!.

Tant pour la méthode traditionnelle que pour les crémants des différentes appellations on utilisera toujours les cépages les plus courants de la région concernée. En région bordelaise, pour le blanc, on vinifiera du sauvignon venant essentiellement de l’entre-deux mers et pour le rosé, ce sera du merlot. Ce seront des vendanges précoces et manuelles : précoces pour avoir davantage d’acidité et moins de sucre ; Manuelles, le raisin n’étant pas totalement mûr, les baies ne se détachent pas de la rafle. Le merlot, cépage noir donne du jus blanc au pressage. Il massèrera quelques minutes et l’on obtiendra ce jus rose pale. Ces jus seront vinifiés de façon habituelle : fermentation alcoolique puis fermentation malo-lactique avec un degré autour de 10,5°
A la fin , on a le vin tranquille. Il faut passer au vin effervescent après une deuxième fermentation en bouteille . Pour ce faire, on va ajouter au vin tranquille, une « liqueur de tirage ». Ce sont tout simplement des levures et du sucre. Ce vin est aussitôt mis en bouteilles (type champenoise pour résister à la pression) qui seront capsulées (type capsules de canette de bière) Les bouteilles sont stockées à l’horizontale , le plus souvent dans des caves naturelles (anciennes carrières température : 11 à 12°) ou dans des chais climatisés à 15°. Là, le  vin va refermenter sous l’effet des levures. Le gaz carbonique dégagé va se mêler intiment au vin et avec le sucre ajouté , on obtiendra du vin autour de 12°. Les bouteilles vont ainsi »dormir » de longs mois et même de longues années. La fermentation va produire ses dépôts et des impuretés qui resteront sur le côté de la bouteille.

Pour commercialiser ces bouteilles, il est indispensable d’enlever ces impuretés. Les bouteilles étaient mises sur « pointe » ; le goulot vers le bas ; sur, des pupitres. On a tous en mémoire des images de personnes faisant tourner les bouteilles d’un quart de tour .Travail long et répétitif qui faisait descendre les impuretés le long du goulot pour se concentrer sur la capsule. Maintenant, ces opérations sont robotisées. La machine fait tourner des centaines de bouteilles en même temps sans problème de crampe ou de tendinite ! La durée de ce remuage sera plus rapide ; plusieurs tours par jour toutes les 6 heures jour et nuit. Lorsque les impuretés sont sur la capsule ; les bouteilles peuvent rester quelques temps, à la verticale, tête en bas .

Il faut maintenant procéder au dégorgement pour évacuer les impuretés de la bouteille. Autrefois, cela se faisait « à la volée » Manuellement, on ouvrait la bouteille , et sous l’effet de la pression accumulée lors de la 2ème fermentation (6 bars), les impuretés s’échappaient avec plus ou moins de liquide, ce qui ajoutait une difficulté pour la remise à niveau. Maintenant, cette opération est automatisée : La bouteille , tête en bas , passe dans un système de réfrigération rapide . Un glaçon de 3 à 4cm de long va se former juste au-dessus de la capsule,

emprisonnant toutes les impuretés . En ouvrant la bouteille , sous l’effet de la pression, le glaçon est éjecté. Le vin est maintenant propre mais la bouteille n’est pas pleine. On ajoute alors une « liqueur de dosage » . C’est une opération précise. En fonction de la dose de sucre ajoutée , le résultat final sera différent. On obtiendra du « brut » ou du « demi-sec ». En champagne, il y a 5 dosages différents. La bouteille reçoit le bouchon de liège, le « muselet » pour solidariser le bouchon et la bouteille. Ensuite, on passe à « l’habillage » : coiffe et étiquettes. Les bouteilles sont mises en caisses pour l’expédition….prêtes pour la dégustation.

Un résumé rapide de l’élaboration de la méthode champenoise qu’il faut appeler méthode traditionnelle, maintenant. Que ce soit pour la méthode traditionnelle, le crémant, le Champagne, l’élaboration est identique. Ce qui diffère et justifie des appellations différentes c’est le temps de garde en position couchée : méthode traditionnelle, 9 mois minimum.

crémant, 12 mois minimum

Champagne , 4à 5 ans.

Pour les personnes qui ont participé à la visite du Cloître des Cordeliers à St Emilion, vous avez dégusté un crémant vintage (5ans) un crémant millésimé 2015 (7 ans) On nous a bien fait remarquer la légèreté de la mousse et la finesse des bulles.

En Champagne, on trouvera des gardes  encore plus longues. (10 à 15ans) . Les grandes maisons de négoce effectue des mélanges savants des vins tranquilles pour avoir une qualité gustative semblable d’une année sur l’autre. Les producteurs particuliers doivent faire avec leur seule production d’où des résultats différents. (2)

Voilà quelques indications pour vous permettre de savoir ce que vous allez déguster.

Le 8 décembre.

D. BERNEGE.

 

          (1) Dates des décrets A.O.C. pour les Crémants :

Vouvray:1936                                   Alsace : 1976

Limoux : 1981                                   Loire : 1975

Bourgogne : 1975                            Die :1971

Saumur : 1976                                  Bordeaux : 1990.

 

          (2) Qui élabore le Champagne ; qui le commercialise ?

Sur les étiquettes de bouteilles de champagne, vous trouverez 2 lettres. Voilà leur signification/ :

R.M.: Récoltant Manipulateur.

C’est le propriétaire particulier qui ne travaille qu’avec sa propre récolte.

           N.M.: Négociant Manipulateur.

Ce sont les grandes marques de Champagne. Elles travaillent avec les raisins achetés dans les différents terroirs , vinifient, font  des mélanges savants, élaborent et commercialisent.

           R.C.: Récoltant Coopérateur.

La coopérative élabore le produit qui est vendu sous le nom du vigneron coopérateur.

C.M. : Coopérative de Manipulation.

Dans ce cas, le champagne est vendu sous le nom de la coopérative.

           S.R. : Société de Récoltants.

Même principe que pour les Négociants, mais avec des vins issus des propriétés appartenant à une même famille.

M.A. : Marque Acheteur.

Ce sont les produits vendus sous une appellation spécifique de Grande Surface.

N.D. : Négociant Distributeur.

Achète des champagnes élaborés, vendus sous le nom du Distributeur.

 

BONNES  DEGUSTATIONS.

LE GOUT DU VIN Le Grand Livre de La Dégustation Emile PEYNAUD Bordas Paris 1980

LE GOUT DU VIN Le Grand Livre de La Dégustation

Emile PEYNAUD   Bordas Paris 1980

QUELQUES EXTRAITS

Page 29…..  Des étudiantes canadiennes, le verre de Médoc à la main, entourent le maître de chai et l’interrogent sur la signification de ces pleurs qui coulent sans fin sur la paroi du verre.

  • C’est le gras du vin, sa glycérine, répond-il.
  • Alors c’est à ça qu’on reconnait le bon vin ?
  • Et si un vin ne pleure pas ?
  • C’est qu’il n’est pas de bonne qualité !

Témoin de la scène, je ne peux intervenir et contredire le maître, mais les canadiennes parties, je lui reproche de les avoir sciemment induites en erreur.  Il a cette réponse du psychologue : l’explication est fausse, mais elle est tellement satisfaisante. Et comme tous les vins font des larmes !

La couleur peut se décrire avec un vocabulaire très riche. Les vins rouges changent de couleur en vieillissant.

Les vins blancs sans bulles sont des vins tranquilles. Quand ils ont des bulles, ils peuvent être par exemple du champagne, un crémant en France ou un cava en Espagne.

Le verre de dégustation sur pied pour agiter le vin, a pour le rouge une forme qui permet de concentrer les arômes et le mieux les capter par le nez. Les flûtes à champagne permettent aux bulles de s’exprimer le plus facilement possible.

Le nez et la langue perçoivent certaines propriétés des corps chimiques qui arrivent à leur contact et qui constituent l’odorat et le goût. Ils reçoivent des messages et réagissent à des molécules alors que la vue capte des radiations, l’ouïe des vibrations et que le toucher est sensible à des propriétés physiques.

Le nombre de saveurs est infini car tout corps soluble a une saveur spéciale qui ne ressemble entièrement à aucune autre remarquait Brillat Savarin. Il a fallu beaucoup de temps pour démêler cette complexité. On admet aujourd’hui qu’il n’y a que quatre goûts fondamentaux qui sont perçus par les papilles de la langue :

  • Le sucré : sucrosité ou dulcité ou douceur.
  • L’acide : acidité.
  • Le salé : salinité.
  • L’amer : amertume

Ces goûts sont perçus par des zones bien identifiées de la langue. Pour s’en rendre compte, il est très simple de faire glisser un petit morceau d’ail sur le bord e la langue pour s’apercevoir que l’on ne perçoit plus son acidité.

Toutes les combinaisons sont possibles et il faut une bonne connaissance des saveurs de base et un effort d’analyse pour définir les mélanges complexes.

Considéré du point de vue chimique, le vin est une solution hydroalcoolique contenant vingt à trente grammes de substances dissoutes qui en constituent l’extrait et en supportent la saveur et quelques centaines de milligrammes de substances volatiles qui en constituent l’odeur.

Les substances à goût sucré sont les éléments de la souplesse, du gras, du moelleux. Elles appartiennent à deux groupes : les sucres proprement dits qui existent dans les raisins ( glucose, fructose, arabinose et xylose ) et les sucres d’origine fermentaire, les deux principaux étant l’alcool éthylique suivi du glycérol.

Le goût acide du vin est dû à six acides organiques principaux dont trois proviennent du raisin : acide tartrique, acide lactique et acide citrique.

Le vin contient 2 à 4 grammes de substances à goût salé par litre. Ce sont les sels des acides minéraux et de quelques acides organiques.

Les substances à goût amer appartiennent à la famille des composés phénoliques ou polyphénols.   Ce sont les tanins. Leur amertume s’accompagne généralement d’astringence et il est parfois difficile de dissocier ces deux sensations.

Ces substances jouent un rôle important car les vins leur doivent leur couleur et une grande partie de leur saveur. Evoluant au cours du vieillissement, elles expliquent la transformation des vins pendant la conservation.

Les anthocyanes qui sont les pigments rouges et qui sont présentes pour 200 à 500 µgr par litre dans les vins jeunes ne semblent pas avoir de goût particulier tout au moins tant qu’elles sont libres et non condensées dans les raisins.

Il existe 1 à 3 gr de tanins dans les vins rouges et quelques dizaines de µgr par litre dans les vins blancs

Il existe dans les vins bien d’autres constituants réputés neutres et sans saveur.

L’entente cordiale est née à Bordeaux en 1895

Histoire

Mag Sud Ouest du 6 mars 2021

L’ENTENTE CORDIALE EST NÉE À BORDEAUX EN 1895

Il y a cent vingt-cinq ans, le négociant bordelais Pierre Dutrénit a participé au resserrement des liens entre la France et l’Angleterre

TEXTE  CATHERINE LAFON

Bordeaux et son vin ont joué un rôle non négligeable dans la très longue et difficile histoire de l’établissement de relations pacifiques entre la France et sa royale voisine d’outre-Manche, une affaire concrétisée par l’Entente cordiale signée le 8 avril 1904 entre les deux pays. En 1895, le Comité girondin des Expositions universelles avait en effet profité de la 13e Exposition de Bordeaux, organisée du 1er mai au 1er novembre 1895 par la Société philomathique, pour inviter le lord-maire de Londres, sir Joseph Renals, à venir visiter la capitale girondine et son vignoble Histoire de resserrer les liens d’amitié entre Londres et Paris, mais aussi (et surtout) de promouvoir la vente des vins de la région outre-Manche.

« FAISONS DU COMMERCE, PAS LA GUERRE ! »

Bordeaux, l’Aquitaine et l’Angleterre sont déjà intimement liées par une histoire millénaire, tissée de guerres, d’occupations, d’alliances par mariages princiers et de quantité de querelles et de fâcheries. Autant de « grands et petits malentendus » qui entretiennent « une aigreur qui, dans le fond, n’a pas de raison d’être », avait écrit Pierre Dutrénit dans la lettre d’invitation que ce Landiranais, négociant à Bordeaux, avait adressée, au nom de la Chambre de commerce et du négoce bordelais, au major Roger Parkington, ami du lord-maire. Chef d’œuvre de diplomatie et de rhétorique bien dans le style ampoulé de l’époque, la missive, au-delà d’une visée politique, précise ainsi la portée bénéfique de ce voyage pour les intérêts mutuels, économiques et commerciaux, des deux nations : « La France et l’Angleterre doivent rester unies et marcher la main dans la main…/.. Oue les commerçants, surtout, travaillent à rendre plus cordiales et plus intimes les relations. » En clair : Faisons du commerce, pas la guerre ! » L’invitation fut honorée par sir Joseph Renals, comme nous l’apprend la lecture du Livre d’or de l’Entente cordiale. Après avoir débarqué le 6 septembre 1895 à Calais, c’est dans son carrosse d’apparat que le lord-maire de Londres arrive à Bordeaux, où les notables bordelais le reçoivent en grande pompe. Revêtu de son costume de cérémonie, il visite dans la foulée l’Exposition place des Quinconces. Il y accorde vraisemblablement une attention toute particulière aux mille et une merveilles du fastueux Palais des vins, avant d’être accueilli solennellement au Palais-Rohan par son alter ego, Alfred Daney.

CHANSONS À BOIRE

Dans sa réponse au toast du lord-maire de Londres, le maire de Bordeaux file avec esprit la métaphore des chansons à boire anglaises, pour évoquer, sans le nommer, le véritable sujet de la visite, à savoir la question de la vente du vin de Bordeaux outre-Manche. « Un des défenseurs les plus énergiques et les plus persévérants de la liberté commerciale en Angleterre, Richard Cobden, a raconté dans un de ses discours qu’un de ses amis, ayant eu la curiosité de fouiller dans la collection des chants populaires de votre pays, découvrit, en se livrant à ce travail, que toutes ces chansons avaient été composées en l’honneur des vins de France, et que toutes, elles dataient du bon vieux temps où vos aïeux pouvaient boire de ces vins à volonté. Mais, depuis que des taxes prohibitives avaient banni les vins français de leurs tables, les chansons à boire avaient disparu pour faire place à la somnolence et à l’engourdissement produit par les breuvages qui les avaient remplacés. » En gage de paix et d’amitié (et surtout de futurs échanges commerciaux fructueux), on offre au lord-maire un bronze magnifique des ateliers Gauthier. Les jours suivants, on emmène cet éminant personnage faire trois excursions de tout premier choix dans le vignoble bordelais. La première le conduit dans le Médoc, ou, après un dîner princier à Margaux, il visite Saint-Laurent et Pauillac pour assister au lunch offert à Lafite. La deuxième le mène, le 12 septembre, dans le Sauternais, notamment à Guiraud et à La Tour-Blanche à Bommes, où un dîner de gala réunit, autour de lui, les négociants bordelais et les châtelains du Sauternais. La troisième lui permet d’apprécier les richesses du Saint Émilionnais et, n’en doutons pas, de les déguster. De retour à Bordeaux, sir Joseph fait chaque soir la tournée des grands-ducs. Outre les multiples et splendides réjouissances organisées en son honneur, dont une fête de nuit donnée sur les Quinconces, il assiste à un gala au Grand Théâtre et savoure la chance d’applaudir, au Théâtre des arts, la grande tragédienne Sarah Bernhardt.

PERFIDE ALBION

Au terme d’aussi mémorables journées, on imagine que c’est particulièrement comblé que le lord-maire repart pour Londres, le 15 septembre. Quant aux Bordelais qui l’ont invité et gâté, leur objectif est pleinement atteint. Rien n’était trop beau pour sir Joseph sur les bords de la Garonne : le voilà plus que jamais l’ami de la France et du « peuple bordelais ». En témoigne son discours d’adieu

« Certes, nos sentiments d’amitié pour la France étaient déjà bien vifs, mais après ce voyage j’ai pu voir combien la sympathie du peuple bordelais pour l’Angleterre était profonde ; aussi, je retourne à Londres plus ami de la France que lorsque je suis arrivé et plus enclin à faire triompher les sentiments d’amitié qui doivent unir les deux nations. » Sous-entendu : « Et, bien sûr, tout à fait disposé à inciter mon pays à acheter vos bons vins ! » Sir Joseph est-il reparti avec des caisses du précieux breuvage bordelais dans ses bagages ? Pudique, le Livre d’or ne le dit pas.

Et notre Pierre Dutrénit, dans tout ça ? On imagine aisément qu’un tel succès ait conduit le Landiranais tout droit au septième ciel. D’autant que le négociant avait également eu l’honneur d’accueillir sir Joseph dans son château de Menon, sa résidence familiale de Landiras. La suite, sera beaucoup moins joyeuse. Les dépenses excessives engagées par cet événement, auxquelles se sont ajoutées par la suite de mauvaises affaires dans l’achat de vins médocains, furent à l’origine du déclin de la maison Dutrénit, dont la famille demeure présente dans le souvenir et l’histoire de la commune. Perfide Albion !

 

Sources : archives « Sud Ouest »,

journal du 11 avril 1954, à l’occasion des 50 ans de l’Entente cordiale

Collection de « La Petite Gironde »,

Année 1895, Gallica BNF

MILDIOU OIDIUM PHYLLOXERA

MILDIOU    OIDIUM    PHYLLOXERA

Le MILDIOU est une maladie bien connue des agriculteurs mais aussi des amateurs de jardinage. Il fait des dégâts très importants sur de nombreuses cultures.

 Celui de la POMME DE TERRE, apparu en Irlande en 1840, a provoqué la grande famine de 1845 à1849 et fait 800 000 morts car à cette époque la pomme de terre était la principale ressource alimentaire du pays.

Celui de la VIGNE est apparu en 1878 dans le Médoc. A cette époque, pour décourager les vols de raisin en période de vendange, les viticulteurs badigeonnaient la vigne avec une solution de sulfate de cuivre dans l’eau. En 1882, Ernest David régisseur du Château Ducru Beaucaillou remarqua que les vignes badigeonnées avec du sulfate de cuivre avaient moins de mildiou que celles qui ne l’étaient pas. Il fit part de ses observations à Millardet Professeur de botanique qui avec Ulysse Gayon Professeur de Chimie mirent au point, au Château Dauzac à Labarde la bouillie bordelaise et démontrèrent son efficacité sur le mildiou. Elle est employée encore de nos jours dans de nombreuses situations. A l’origine elle était composée de sulfate cuivre et de chaux pour neutraliser la phytotoxicité du cuivre sur la vigne.

L’ OIDIUM vit sur de nombreuses espèces végétales parmi lesquelles le chêne par exemple. Il se caractérise par un feutrage blanc qui recouvre les feuilles.

Celui de la VIGNE est un des plus connus en raison de l’importance de cette culture. Il a été vu pour la première fois sous serre en Angleterre en 1845 et c’est là que furent faites les premières applications de soufre pour le combattre. En France il a été observé pour la première fois dans une serre de James de Rothschild à Suresnes peu de temps après. Quand celui-ci acheta le Château Lafite à Pauillac, il connaissait la vigne. La production viticole en France de 45 millions d’hectolitres en 1850 passa à 11 millions en 1854. C’est Henri Marès (1820 – 1904) ingénieur et propriétaire d’un domaine viticole à Fabrègues dans l’Hérault qui mit au point le protocole du soufrage de la vigne contre l’oïdium. Le soufre sous différentes formes est encore employé en viticulture.

Le PHYLLOXERA vit en Amérique du Nord et est inféodé à la vigne. C’est un parasite qui a deux modes de reproduction : par parthénogénèse et sexuée. La plus importante est la parthénogenèse qui est un mode de reproduction monoparental comme l’autofécondation et sous deux formes. L’une gallicole sur les feuilles, l’autre radicicole sur les racines.  Les viticulteurs du Midi voyant que certains plants de vigne supportaient l’oïdium mieux que d’autres ont fait venir chez eux des plants d’Amérique du Nord pays d’origine de cette maladie. Ils ont provoqué en 1863 une catastrophe effroyable : ils importèrent le phylloxéra qui détruisit à une vitesse fulgurante la majeure partie du vignoble. Le problème a été résolu par le greffage des plants de vigne cultivés en France et sensibles au phylloxéra sur des plants de vigne vivant en Amérique du Nord et résistants au phylloxera.

Il y a une morale à tout cela : le mildiou, l’oïdium et le phylloxéra ont voyagé à la vitesse des bateaux à vapeur. Les corona virus voyagent à vitesse supersonique. Les moyens scientifiques du XIXème siècle n’ont rien à voir avec ceux dont nous disposons. Et pourtant de nombreuses inconnues demeurent dans la lutte contre les virus dont le nombre de victimes s’exprime en millions au plan mondial. Comme hier, comme aujourd’hui, demain la nature gardera ses droits : à nous de nous adapter.

 Michel TOUZAN Léognan Février 2021

Réf : L’Odyssée des Agronomes de Montpellier Jean Paul LEGROS –  Jean ARGELES Editago 1997

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